“Phenomenology and Transcendental Idealism” – 19 Feb 2022 (in-person & online)

BSP News Item Thumbnail

Fifth Session: Seminar for Doctoral Students and Young Researchers in Phenomenology with Benjamin Straehli, Tareq Ayoub, and César Gómez Algarra.

Phenomenology and Transcendental Idealism
Seminar for Doctoral Students and Young Researchers in Phenomenology
(October 2021 – June 2022)
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

https://philosophie.pantheonsorbonne.fr/evenements/phenomenologie-et-idealisme-transcendantal
Organisation: Luz Ascarate, Circé Furtwängler, Quentin Gailhac

Fifth Session: Saturday 19th February 2022, 13:30-16:30
> Salle Halbwachs (escalier C, 1er étage droite, 17 rue de la Sorbonne, 75005 Paris). To attend the seminar in person, please register (before Thursday 17th February) at the following link: https://evento.univ-paris1.fr/survey/inscription-en-prese…-2hafkvny
> To attend via Zoom, please register at the following address:
[email protected]

Presentations by:
> Benjamin Straehli (Université de Lille): “L’idéalisme transcendantal, impasse ou nécessité pour la science ? L’exemple du ‘moi pur’ et de la responsabilité du sujet connaissant”
> Tareq Ayoub (KU Leuven): “On the Hermeneutics of Kairos: Moving Beyond the Transcendental”
> César Gómez Algarra (Université Laval/Universitat de València): “Au-delà et en deçà du transcendantal. Critiques de la philosophie transcendantale dans la pensée de l’Ereignis”

Abstracts:
Benjamin Straehli (Université de Lille)
“L’idéalisme transcendantal, impasse ou nécessité pour la science ?
L’exemple du ‘moi pur’ et de la responsabilité du sujet connaissant”
L’œuvre de Husserl entend donner à la science son vrai fondement, et ce grâce à une philosophie qui soit elle-même science rigoureuse. C’est pour élucider ce fondement, en atteignant l’absence de présupposition, que la phénoménologie s’élabore, et qu’elle en vient, par la méthode de la réduction, à justifier l’idéalisme transcendantal. Il convient de se demander si cette démarche permet vraiment d’élucider la connaissance scientifique, ou si au contraire elle conduit à perdre cette dernière dans les sables d’une conscience productrice d’illusions.
Les auteurs qui se disent « phénoménologues » se penchent rarement sur cette question, se détournant de la quête du fondement des sciences au profit d’autres buts : rendre compte de la phénoménalité, décrire l’expérience, etc. Aussi peut-il être bienvenu d’étudier plutôt les arguments de philosophes qui, sans se dire phénoménologues, ont éprouvé le besoin d’en passer par les analyses husserliennes pour affronter les problèmes que leur posait la science.
Pour contribuer à une telle étude, on se proposera ici de soumettre à l’examen une suggestion de Paulin Hountondji, qui, dans sa thèse sur les Recherches logiques, en est venu à estimer que la réhabilitation du « moi pur » par Husserl à partir de son tournant transcendantal répondait à une nécessité, celle de reconnaître la responsabilité du sujet qui énonce les propositions de la science, pour lui permettre de l’assumer. Il faudra pour cela expliquer les enjeux de cette notion de responsabilité dans l’œuvre de Hountondji, et se demander si l’exigence de responsabilité doit vraiment mener à voir en la science un ensemble d’opérations effectuées par un tel moi pur.
Cette dernière interrogation conduira à l’étude d’un exemple de démarche philosophique : celle de Jean-Toussaint Desanti, qui s’est efforcé à la fois de tirer profit de Husserl pour saisir le sens de la connaissance mathématique, de rejeter fermement tout idéalisme transcendantal, considéré comme une illusion, et d’assumer sa responsabilité de sujet en répondant à Maurice Clavel qui l’interrogeait sur la cohérence d’une telle posture.

Tareq Ayoub (KU Leuven)
“On the Hermeneutics of Kairos: Moving Beyond the Transcendental”
Transcendental approaches are integral to the intricate phenomenological examination of being, subjectivity, and time. However, considering that the subject at hand is quite convoluted, a transcendental approach seems to neglect the ethical, historical, and intersubjective significance of temporality. Kairos can be understood as the set of conditions that transform a merely permitted action in time, into one that is affectively positive. If Kairos is considered as the point in time in which positive value is established in real action, then it is necessary to acknowledge that it is not merely historical, but itself forms the very possibilities of history. This paper delves into the works of Brentano, Bergson Husserl, Mearleau-Ponty, Blumenberg to further explicate the essence of time based on its role in the overall development of phenomenology and on its intersubjective reality. If the living present is the theater in which the whole spectacle of conscious life is available for phenomenological view, then a mere transcendental approach to its analysis becomes quite limiting. This is the case specifically because each dimension of time is treated as something other than itself, identified as a “style of the world,” while time remains relatively unchanged. Hence, this paper sets out to explore the hermeneutics of time, articulating a unique conception of intersubjectivity and temporality, while paying attention to the philosophical repression of transcendental phenomenology. The move beyond the transcendental signifies the necessity of a hermeneutics of time as the foundation of a psychology of temporality, one that is based on its intersubjective and ethical affectivities rather than its logical interpretation.

César Gómez Algarra (Université Laval/Universitat de València)
“Au-delà et en deçà du transcendantal. Critiques de la philosophie transcendantale dans la pensée de l’Ereignis”

Si l’ontologie fondamentale a pu être interprétée, dès la parution d’Être et temps en 1927, à côté des tendances transcendantales propres à l’époque, il semble bien que Heidegger lui-même ait favorisé cette lecture, pour le moins partiellement. Ainsi, dans la mouvance des années suivantes, l’auteur développe de nouvelles approches du problème, notamment le concept d’une transcendance du Dasein dans De l’essence du fondement (1930), qui retient encore l’attention des spécialistes. Cependant, dans le développement de la pensée de Heidegger – fluctuante au plus haut degré – ce projet aussi sera abandonné et critiqué radicalement dès la fin des années 1930, comme toute tentative de philosophie transcendantale. En effet, les matériaux posthumes tels que les traités de l’histoire de l’Être et les Cahiers noirs nous permettent de pénétrer dans l’atelier de travail du philosophe et approfondir les raisons de son refus de toute perspective trascendantale. À ce corpus privé et vaste, nous devons ajouter aussi le révélateur volume 82 (Zu eigenen Veröffentlichungen, 2018), qui contient les notes de relecture aux œuvres publiées et qui nous permet de développer davantage le cadre conceptuel de sa critique.
Pour ce séminaire, nous voudrions interroger trois problèmes fondamentaux concernant la critique heideggérienne du transcendantal. Premièrement, nous montrerons pourquoi Heidegger rejette ses propres percées et comment il se réinterprète d’une façon ambivalente : si l’auteur reconnaît les acquis d’Être et temps, il ne manque pas de juger l’ouvrage insuffisant, voire partiellement idéaliste et « subjectiviste ». Ainsi nous serons amenés à préciser la reformulation de plusieurs concepts clés, tels que l’existence (Existenz), la compréhension de l’être (Seinsverständnis), et même celui de Dasein. Dans un deuxième temps, nous préciserons la nature de sa confrontation avec la philosophie transcendantale, pour mettre en avant comment la pensée de l’Ereignis cherche à dépasser le clivage métaphysique transcendance/immanence sous toutes ses formes. Finalement, nous exposerons l’hypothèse d’un retour du transcendantal, esquissé dans le quatrième volume des Cahiers, ainsi qu’une réflexion sur les liens à faire entre la pensée de l’Ereignis et la phénoménologie contemporaine.