Phenomenology and transcendental Idealism. Session 8 (21 May 2022)

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Seminar for Doctoral Students and Young Researchers in Phenomenology: in person and via Zoom. Michael Blézy, Corto Santantonio, Luz Ascarate.

Phenomenology and Transcendental Idealism
Seminar for Doctoral Students and Young Researchers in Phenomenology
(October 2021 – June 2022)
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

https://philosophie.pantheonsorbonne.fr/evenements/phenomenologie-et-idealisme-transcendantal

Organisation: Luz Ascarate, Circé Furtwängler, Quentin Gailhac

Session 8: Saturday 21th May 2022, 13:30-16:30
Salle Halbwachs (escalier C, 1er étage droite, 17 rue de la Sorbonne, 75005 Paris)

To attend the seminar in person, please register (before Thursday 19th May) at the following link:
https://evento.univ-paris1.fr/survey/inscription-en-prese…-zoc5a41v

To attend via Zoom, please register at the following address:
[email protected]

Presentations by:
> Michael Blézy (University of Toronto) « Transcendental Philosophy and the Thing-in-itself: Kant and Heidegger »
> Corto Santantonio (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) « ‘Le pays du transcendant(al) m’est fermé’ : Ernst Mach, entre critique de l’idéalisme transcendantal et défense d’une physique phénoménologique »
> Luz Ascarate (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) « Le possible et le transcendantal. L’héritage kantien de Husserl »

Abstracts:

Michael Blézy (University of Toronto)
« Transcendental Philosophy and the Thing-in-itself: Kant and Heidegger »

No other concept has vexed thinkers in the post-Kantian tradition than that of the “thing itself.” Kant himself was adamant that the ideal thing in itself is not only a direct and unavoidable consequence of his transcendental turn, but actually provides the key to solving many of the philosophical problems generated by traditional metaphysics. However, from its earliest reception, the thing in itself has been generally regarded to be the most defective aspect of Kant’s philosophy and, accordingly, has been subject to criticism and attack. From Jacobi to Hegel, Nietzsche to Rickert, Husserl to Merleau-Ponty, thinkers have deployed a number of strategies to exercise the thing in itself, and so save transcendental philosophy from its Kantian beginnings.

However, is the thing in itself, as Kant maintained, a necessary feature of transcendental philosophy? Does it follow that if we experience objects under certain a priori conditions, then there must be objects “in themselves,” independently of such conditions? Or does post-Kantian philosophy, in particular phenomenology, give us the resources to move beyond the idea of objects independently of the conditions by with we are acquainted with them?

In my paper, I will take up this question by examining the influence of the Kantian thing in itself on Heidegger’s phenomenology. As one of Kant’s most careful readers, Heidegger explicitly develops his phenomenological approach by comparing and contrasting his method with Kant’s, and reworking Kant’s transcendental investigations in order to expound the conditions that make possible Dasein’s “Being-in-the-world.” I will begin by tracing the influence of Kant on Heidegger’s understanding of “appearances,” “in itself” and “phenomena,” and demonstrate that Heidegger, not wholly unlike Kant, is committed to the search for transcendental conditions. With this Kantian influence on Heidegger’s phenomenology in the background, I will then tackle the issue of whether or not Heidegger is committed to an “in itself” dimension of entities. I conclude by arguing that Heidegger is in fact committed to a version of the “in itself,” and, although differing from Kant’s, this “in itself” dimension is key to Heidegger successfully distinguishing between Dasein’s “Reality” and “the Real” or entities independent of Dasein.

Corto Santantonio (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
« ‘Le pays du transcendant(al) m’est fermé’ : Ernst Mach, entre critique de l’idéalisme transcendantal et défense d’une physique phénoménologique »

Par cette formule de La connaissance et l’erreur (1905), Ernst Mach, physicien-philosophe autrichien de la seconde moitié du XIXe siècle et du début du XXe siècle, déclarait son peu d’intérêt pour les entités dépassant le domaine de ce qui est donné dans l’expérience, qu’il s’agisse de la chose en soi ou du sujet transcendantal kantiens. Plus généralement, il se proposait de neutraliser les problèmes métaphysiques, déjà qualifiés de « pseudo-problèmes », afin d’en revenir à ce qu’Avenarius appelait « l’expérience pure », sol véritable de la recherche scientifique. Cet aspect anti-métaphysique, ainsi que l’affirmation de la neutralité de l’apparaître, qui n’est ni psychique ni physique – il est tout simplement dépsychologisé –, montre une ressemblance frappante avec l’entreprise menée par Husserl. Ce dernier a d’ailleurs reconnu explicitement l’antériorité de la physique phénoménologique machienne sur son propre projet de constitution d’une science phénoménologique. Dans notre contribution, nous nous proposons de confronter ces deux tentatives : sont-elles rigoureusement identiques ? Est-il vrai que toutes deux visent à décrire tout ce qui peut être décrit, et rien que cela, dans un pur plan d’immanence, en excluant les adjonctions théoriques ? Selon nous, la phänomenologischen Physik que Mach cherche à élaborer dans deux textes majeurs – non traduits en français à ce jour – ne peut prendre la forme d’une description directe de l’expérience, mais doit s’en tenir à une description seulement indirecte, c’est-à-dire incluant des éléments théoriques (hypothèses, analogies, …) qui se surajoutent au donné pour le rendre intelligible.

Luz Ascarate (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
« Le possible et le transcendantal. L’héritage kantien de Husserl »

Dans la période précritique de la pensée kantienne la possibilité est pensée comme étant fondée sur le réel. La possibilité contient en elle-même une exigence hyperréaliste qui transcende le domaine subjectif. Ce rôle ontologique fondamental que Kant confère à la possibilité change dans la période critique, où la possibilité a des « conditions » à partir desquelles le transcendantal est défini. Cependant, il semble que, à partir d’une lecture unifiée de la pensée kantienne, la compréhension profonde de la réalité soit liée à la schématisation transcendantale que nous situons dans le domaine d’une conception « élargie » du possible. Le rapport entre les concepts purs et les données de l’expérience correspond à une sphère qui s’oppose à l’empirique et qui, de plus, précède la détermination conceptuelle de l’intellect : nous appelons ce domaine le domaine de la possibilité transcendantale. Nous placerons la méthode phénoménologique de Husserl dans ce domaine en comprenant la méthode de réduction transcendantale comme une neutralisation radicale du monde empirique. Il y aurait un héritage du possible transcendantal kantien qui est radicalisé chez Husserl à la fois comme neutralisation et horizon de manifestation. Cependant, l’héritage kantien de Husserl est paradoxal du point de vue du rapport de Husserl au psychologisme et au néokantisme, mouvements qui héritent de la conception kantienne de la théorie de la connaissance. D’un côté, le psychologisme fonde la connaissance sur l’intuition sensorielle, seule légitime pour appréhender de nouveaux contenus. D’un autre côté, le néokantisme pose toute l’importance de la fondation de la connaissance sur les catégories de l’entendement. Nous montrerons en quoi l’héritage husserlien déploie une nouvelle voie de compréhension de la fondation de la connaissance. Pour Husserl, l’intuition prend un sens plus large, englobant toutes les couches de la relation entre l’esprit et la réalité en distinguant deux approches phénoménologiques de la conscience : l’une psychologique et l’autre transcendantale. La première pose la question de savoir comment une réalité préexistante est saisie par le sujet. En revanche, l’approche transcendantale traite des questions concernant les conditions de possibilité de la manifestation. Cette réflexion nous permettra de soutenir l’idée selon laquelle une fine compréhension du rapport de Husserl à Kant et au kantisme, en éclairant le rapport entre le réel et le possible dans le projet phénoménologique, peut contrer les critiques portant sur un prétendu corrélationisme dans la phénoménologie transcendantale husserlienne ; nous défendrons ainsi une perspective idéaliste et transcendantale concernant la fondation de la connaissance, face aux nouveaux réalismes.